Le jeu de dames est noble par excellence, à travers son étymologie et l’usage fait, par lasuite, de son substantif qui honore notre jeu.
Origine du nom
Comme chacun sait, la dame est la pièce maîtresse du jeu. Le mot « dame » vient du latin domina : maîtresse de maison, souveraine.
Ce terme est-il emprunté au jeu d’échecs comme d’aucuns l’affirment, tel Émile Littré dans son Dictionnaire de la langue française ? Les maîtres du jeu de dames nous apportent la réponse.
Georges Post a écrit en préface du livre d’Henri Chiland, Secrets et merveilles du jeu de dames : « Il n’est pas de jeu plus ancien ni plus répandu que le feu de dames. Les Égyptiens et les Chaldéens l’ont immortalisé sur la pierre, attestant son antique noblesse ».
Le jeu d’échecs, quant à lui, a été ramené en Occident par les Arabes qui avaient conquis la Perse en 651 (après J.-C.) où ils découvrirent le jeu. Une origine située dans le nord de l'Inde vers 600 est aujourd'hui communément admise. L'ancêtre direct de ce jeu, décrit par des textes, est le chatranj que les Perses auraient reçu des Indiens (jeu dérivé du Chaturanga à deux joueurs).
L’antériorité du jeu de dames paraît donc indiscutable. Au demeurant, la pièce maîtresse au jeu d’échecs se nomme reine, et non dame.
Noblesse du nom
Jadis, le nom de dame était donné à l’épouse d’un seigneur, d’un châtelain, d’un gentilhomme, par opposition aux femmes mariées de la bourgeoisie qui ont porté pendant longtemps le nom de demoiselle. Proche de ce sens, Fénelon note au XVIIe siècle que le titre est donné à une femme possédant une seigneurie.
Le brevet de dame était un titre conféré par le roi à une fille de qualité non mariée, tandis que ce titre d’honneur était donné aux filles du roi : les dames de France. Il était et reste le titre attribué à des femmes de qualité qui remplissent certaines fonctions auprès des reines ou des princesses : les dames d’honneur, les dames d’atour.
Aujourd’hui, on nomme grande dame, une femme appartenant à la haute société.
La dame reste encore un titre particulier donné à certaines religieuses et aux chanoinesses, comme les dames du Sacré-Cœur. Dans cet esprit, des communes perpétuent l’histoire. Ainsi, parmi d’autres exemples, celle de La Ville-aux-Dames (Indre-et-Loire) doit son nom du Xe siècle au latin Villa Dominarium (domaine des maîtresses, au sens féodal) qui désignait le fief de l'abbaye des religieuses de Saint-Loup, située sur le territoire de l'actuelle commune, dont Hildegarde fût l'abbesse en 941.
En littérature, les dames blanches désignent des êtres surnaturels – fées et autres messagères - dans les anciennes croyances, en particulier des Ecossais et des Germains.
Enfin en astrologie, on dit d’une planète qui domine dans un thème céleste qu’elle est dame de l’ascendant.
Jacques Brunier
Président d’honneur du DV